SHAMELADY : LA GENESE DU PROJET
Casino Royale, un fanfilm français ?
En 1953, Ian Fleming créait James Bond. L’espion le moins secret du monde est devenu une légende qui a bouleversé le cinéma de divertissement. En 2003, à l’occasion du cinquantenaire de la création du héros, il était temps de rendre hommage à ce mythe littéraire et cinématographique.
- Ian Fleming (1908 - 1964)
En septembre 2004, Eric Saussine, fondateur de Constellation Studios, prend contact avec son ami Pierre Rodiac, ancien président d’un fan club consacré à James Bond.
Eric souhaite mettre en chantier depuis quelques temps, le seul roman de James Bond par Ian Fleming n’ayant pas connu d’adaptation cinématographique sérieuse de la part la société Eon, détentrice des droits des films consacrés aux aventure de l’espion britannique : Casino Royale.
Pierre Rodiac, emballé par le projet se lance dans l’écriture d’une trame que les deux hommes vont alternativement travailler et qui va donner lieu à un scénario, adaptation fidèle du roman, inscrit cependant dans l’esprit de la série cinématographique.
La recherche des acteurs et des lieux de tournage commence. Le 3 février 2005, Eon Productions annonce que Martin Campbell réalisera le 21e film de la série des James Bond : Casino Royale.
Eric Saussine propose alors de conserver la trame générale, de modifier le nom des ennemis, le plan de l’adversaire, quelques situations et d’introduire une organisation et un méchant qu’Eon Productions, pour des raisons de droits, ne peut plus intégrer dans ses films : le S.P.E.C.T.R.E. et son chef, Blofeld.
En quelques mois, un nouveau scénario est écrit et Eric en trouve le titre : Shamelady.
La pré-production de ce petit film a débuté en 2004. Les prises de vue ont commencé en 2005 et se sont poursuivies en 2006. La première du film a eu lieu en décembre 2007, l’année de l’espion !
Shamelady est notre hommage aux hommes à l’origine du mythe : Ian Fleming, auteur originel, Harry Saltzman et Albert Broccoli, producteurs des premiers films de la série cinématographique.
- Harry Saltzman, Ian Fleming et Albert Broccoli
SHAMELADY : SYNOPSIS
James Bond est envoyé dans le sud de la France pour acheter des renseignements concernant une organisation qui terrorise la Grande-Bretagne.
Au cours de l’opération, des tueurs interrompent l’échange. Bond s’échappe, alors que Mangin, qui fournit les renseignements, est tué.
Il s’avère que le S.P.E.C.T.R.E., organisation à laquelle James Bond s’opposa autrefois, est de retour. Bond, aidé de Joan Jansen, espionne du MI6 en France, retrouve Descarpes, soupçonné d’être le numéro 2 de l’organisation, au casino de Luc-sur-Mer.
Bond s’oppose à Descarpes au casino et séduit la mystérieuse Anna Raykova, un agent au service de son adversaire. L’espion subit plusieurs tentatives d’assassinat et se rend compte que quelqu’un le trahit.
C’est alors que Joan est enlevée par l’ennemi. Bond se lance à la poursuite des ravisseurs mais il est capturé. L’espion est alors torturé, jusqu’à ce qu’un commando vienne à son secours pour le délivrer. Bond élimine ses tortionnaires ainsi que Descarpes qui tente de s’enfuir.
De retour au casino, l’agent britannique reçoit un étrange télégramme...
INTERVIEW DU REALISATEUR
Pour la diffusion du film sur la webtv canal12.fr le 15 février 2010. Merci à Claude Heidet.
CANAL12.FR : Bonjour Eric. Tu es le réalisateur de "James BOND 007 - Shamelady", l’un des meilleurs fans films du moment. Expliques-nous un peu comment a germé une telle entreprise...
Eric SAUSSINE : Dater l’idée m’est impossible. Ca remonte ! Mais fin 2004, j’ai appelé mon ami Pierre Rodiac, l’ancien président du Club James Bond France (www.clubjamesbondfrance.com) et je lui ai parlé de mon idée d’adapter sérieusement Casino Royale le premier roman de Ian Fleming, dont seuls un téléfilm vieillot de 1954 et une parodie de 1967 avaient été produits. Rien de sérieux, rien qui ressemblait aux Bond que tout le monde connaît. Le lendemain, emballé, Pierre m’envoie un synopsis. Je corrige, j’écris un scénario, il corrige. Le scènario a fait quelques aller-retours via e-mail car j’habite la banlieue parisienne et Pierre habite Fréjus. Quand le script est prêt deux mois plus tard, patatra ! Eon annonce qu’il vont produire un très sérieux Casino Royale, celui qui verra Daniel Craig s’imposer dans le rôle. On a donc changé titre et intrigue, ramené le méchant historique, l’organisation SPECTRE, et continué sur notre lancée... Shamelady est un film hommage et la filiation avec Casino Royale est assez évidente...
Comment ton choix s’est-il porté sur Serge ROTELLI ? Qu’elle a été votre manière de travailler ensemble ?
Serge était un choix évident, pour autant qu’il accepte. Pierre le connaissait car il avait fait quelques apparitions en tant que sosie de 007 dans diverses conventions. Il a retrouvé son numéro de téléphone et a sondé son intérêt. Serge est un fan de 007 et l’idée l’a séduit (même s’il se méfiait de l’augure d’un tournage amateur). Finalement, c’est lui qui m’a rappelé car je ne voulais pas lancer « officiellement » le film tant que je n’avais pas le décor principal qui validait tout le projet, à savoir le casino. On a fait une répétition, et il a failli abandonner car le jeu n’allait pas. On a persévéré, et une fois le smoking enfilé au casino (notre tout premier tournage), il s’est mis à l’aise. Je lui suggérais des expressions, je lui demandais de ne pas prendre des poses de mannequins (une occupation occasionnelle pour lui...) et il s’est vite amélioré. Aujourd’hui notre deuxième James Bond est en post-production, et l’amélioration de son jeu est très nette.
Benoit GRIMMIAUX prête sa voix à 007 et plusieurs personnes en doublent certaines. Peux-tu nous expliquer ces choix et comment se passe le travail ?
Choix technique car le son direct de notre caméra video était médiocre et nous ne pouvions nous permettre un perchiste pour tourner vite. Choix artistique car Serge n’a pas une voix qu’on associe au personnage de Bond. Après une paire de semaine, il l’a reconnu lui-même et est aujourd’hui très heureux de ce choix. Quant à Benoit, c’est un pro, et un type charmant. Il a élevé le niveau du film de façon spectaculaire. Ca m’a fait un choc le jour du doublage. Cela s’est passé très simplement, d’une manière pas si différente qu’un doublage traditionnel d’ailleurs. J’avais préparé les vidéos avec les sons d’origine et Benoit et les autres ont écouté le métrage et reproduit les dialogues en améliorant l’interprétation. Un vrai choc, je vous dis...
Tu t’es offert le luxe d’intégrer l’Aston MARTIN DB5 dans ton film. A-t-elle été difficile à trouver ?
Le téléphone ! Des coups de fils sans fin jusqu’à ce que je tombe sur le propriétaire du seul garage Aston Martin privé de France qui avait cette DB5 qu’il bichonnait mais qui ne sortait presque jamais du garage. Le propriétaire en avait laissé la garde au garagiste et, après avoir demandé l’autorisation, ce fut pour lui l’occasion de la sortir et de la roder. Le scénario prévoyait une brêve filature car on ne pensait pas avoir une voiture de luxe à disposition assez longtemps. Finalement, on a tourné de 10 heures à 17 heures avec une pose repas de 2 heures et j’en ai profité à fond. Cette journée (une des plus mémorables du tournages) m’ a permis quand même de faire une modeste poursuite de deux minutes. J’ai filmé tout ce que j’ai pu, tous les angles possibles ! Cette scène, dont la version écrite n’était que de quelques secondes, est vraiment née le jour de son tournage.
Qui dit James BOND, dit décors somptueux. As-tu eu des complications sur les repérages et le tournage ?
Non. Il a fallu du temps certes pour s’assurer ces décors mais tout s’est passé de deux manières : 1. beaucoup de temps passé au téléphone et via e-mail (le casino, le château de Descarpes, l’Aston Martin) 2. par relations : en effet, on connaissait quelqu’un qui possédait une Sunbeam Alpine (la voiture de l’héroine à la fin du film, qui est celle de Sean Connery dans Dr. No), le premier château était celui du Baron Empain, et une de nos relations connaît les propriétaires actuels, pareil pour le MI6, le jolie pièce où se passe la bagarre finale, l’avion de Descarpes etc.
Avec quel matériel travaille-tu ?
Jusqu’à Shatterhand j’avais une Canon DV XM2, qui a rendu l’âme après des années de bons et loyaux services. J’utilise maintenant diverses caméra HDV. Je n’ai pas de caméra HD moi-même mais des amis très sympas et motivés par nos projets !
En tout cas nous vous souhaitons à tous une longue vie pour vos projets et encore merci pour ce travail titanesque.
Merci et longue vie à CANAL12.FR, un site dont je trouve le concept vraiment généreux !